Quel gouvernement, pour libérer qui et de quoi ?
Par Daniel Gluckstein

Prenant la parole le 28 août devant les patrons réunis à l’université d’été du Medef, Mme Borne a déclaré : « J’ai bien noté que certains craignent que les entreprises soient moins soutenues, peut-être qu’elles soient davantage taxées, donc je le dis et je le redis : il n’en est pas question. Nous sommes la majorité qui a fait le plus pour libérer l’activité des entreprises depuis des décennies. »
Mme Borne dit vrai. Certes, depuis des décennies, les gouvernements de droite comme de « gauche » ont tous été aux petits soins pour les patrons. Mais reconnaissons que ce gouvernement est celui qui va le plus loin. Celui qui « a fait le plus pour libérer l’activité des entreprises » ? Traduisons : celui qui a fait le plus pour « libérer » la possibilité pour les patrons d’exploiter la force de travail. Tout en cette rentrée – pouvoir d’achat, attaques contre la Sécurité sociale, situation dramatique des hôpitaux et de l’école et toutes les contre-réformes – le confirme : avec Macron et Borne, les patrons sont plus libres que jamais d’exploiter à leur guise.
Existera-t-il un jour dans ce pays un gouvernement dont le représentant pourra dire : « Nous sommes celui qui a fait le plus pour libérer les travailleurs des chaînes de l’exploitation » ? Y aura-t-il un gouvernement dont le représentant pourra dire : « Nous sommes celui qui a fait le plus pour libérer les travailleurs de l’angoisse de ne pouvoir se soigner, parce que nous avons rétabli la Sécurité sociale sur le principe de solidarité ouvrière ; nous sommes le gouvernement qui a dissipé l’angoisse de devoir travailler sans fin parce que nous avons rétabli la retraite à 60 ans pour tous et à taux plein ; nous sommes le gouvernement qui a contribué à libérer les familles, et en particulier les femmes travailleuses, de l’angoisse pour l’avenir des enfants parce que nous avons permis leur prise en charge sociale en multipliant les crèches publiques, en rétablissant une école répondant aux besoins de tous les enfants, y compris les enfants porteurs de handicap » ? Y aura-t-il un jour un gouvernement qui pour cela ne craindra pas de s’en prendre aux profits des capitalistes et aux budgets de l’armée et les affectera aux besoins du peuple ?
Un tel gouvernement ne pourra bien sûr surgir que de la mobilisation des travailleurs, se libérant eux-mêmes de l’exploitation.
Mais y a-t-il pour le moins volonté de s’engager sur cette voie ? Deux jours après le discours de Mme Borne, les dirigeants de la Nupes se rendront ensemble chez Macron à son invitation, pour lui soumettre « des propositions dans l’intérêt du peuple ». Qu’y a-t-il à attendre d’une telle rencontre ?
Certes, la voie de la rupture est difficile. Au moins faut-il avoir la volonté de l’emprunter.
Pour que les travailleurs regroupent leurs forces, ils doivent pouvoir s’appuyer sur un parti déterminé à aider la majorité, celle qui n’a que son travail pour vivre, à se libérer de l’exploitation. Telle est l’orientation du Parti ouvrier indépendant démocratique.