À vous, manifestante inconnue…
Par Daniel Gluckstein

Vous êtes venue ce 4 novembre place de la République à Paris, drapeau palestinien à la main, déterminée à crier votre colère contre le massacre à Gaza. La manifestation n’avait pas démarré que votre attention a été attirée par un mot d’ordre : « Juifs et Arabes, tous unis dans une seule Palestine laïque et démocratique. » Vous vous êtes arrêtée et, avec le groupe d’amies qui vous accompagnait, vous avez repris ce mot d’ordre à pleins poumons. Comme nombre de manifestants, vous étiez venue dire non seulement votre révolte contre le sort réservé au peuple palestinien mais aussi votre indignation contre ceux qui, en France, Macron et Darmanin en tête, voudraient profiter de la situation pour pousser à des affrontements « communautaires » et à des divisions entre travailleurs.
Des dizaines de milliers étaient venus ce 4 novembre dire d’une seule voix : « Vous ne nous diviserez pas. La question palestinienne n’est pas une question de religion, c’est le choc entre le système d’exploitation et la barbarie capitalistes et les aspirations légitimes d’un peuple qui veut ses droits. » Car tout le monde sait que, sans Biden, Netanyahou ne pourrait pas poursuivre ce massacre. Et qui est donc Biden sinon le représentant des capitalistes et des multinationales ?
Dans cette foule de dizaines de milliers venus soutenir le peuple palestinien, vous, la manifestante inconnue, avez fait le choix de défiler quatre heures durant avec le Parti ouvrier indépendant démocratique, un parti que vous ne connaissiez pas (en achetant La Tribune des travailleurs, vous avez posé la question : « Qui êtes-vous ? »).
Quatre heures durant, vous avez défilé avec nous parce que le mot d’ordre « L’ONU, c’est la partition, l’ONU, ce n’est pas la solution » résonnait à votre oreille comme le refus de toutes les résolutions de l’ONU, de celle de 1947 qui a imposé la partition jusqu’au prétendu « plan de paix » à deux États.
Parce que le mot d’ordre « Génocide à Gaza, non à la deuxième Nakba ! » évoquait la nécessité d’empêcher la deuxième Nakba, mais aussi d’aller à la racine de soixante-quinze ans d’injustice et de négation des droits du peuple palestinien.
Parce que le mot d’ordre « Juifs et Arabes, tous unis dans une seule Palestine laïque et démocratique » est le seul qui ouvre une solution de paix et d’égalité pour toutes les composantes de la région.
Du début à la fin, vous – et avec vous des centaines et des centaines de manifestants et manifestantes anonymes venus de nos quartiers ouvriers et populaires – avez manifesté avec le POID, relançant parfois les mots d’ordre quand nos voix étaient fatiguées. Vous avez délibérément choisi de rester dans le cortège d’un parti que vous ne connaissiez pas, mais dans lequel vous avez reconnu le parti de la fraternité ouvrière, de l’unité de tous les exploités et de tous les opprimés sans distinction de race, de religion et d’origine.
Nous nous rencontrerons sans doute dans d’autres manifestations. Soyez assurés, vous, ma sœur anonyme de manifestation et vous toutes et tous qui nous avez rejoints ce jour-là, que pour la cause du peuple palestinien et celle de l’unité de combat des travailleurs dans le monde entier, vous trouverez toujours à vos côtés les cortèges, les mots d’ordre et les militants du Parti ouvrier indépendant démocratique.